Commémoration des 30 ans du 'massacre de la place Tienanmen'

L'image ci-contre représente Rachel Corrie faisant face au bulldozer israélien, le 16 mars 2003, pour tenter de l'empêcher de raser la maison d'un médecin palestinien. Le bulldozer ne déviera pas de sa route, il ne cherchera pas, lui, à éviter la militante. Il poursuivra tranquillement tout droit, et ensevelira Rachel Corrie dans les décombres. 

Pour quelles raisons ce cliché est-il beaucoup moins célèbre que celui de "l'homme face au char" de Tienanmen ? Aurions-nous manqué les commémorations des médias mainstream aux dates symboliques ?

Pendant plusieurs jours d'affilée, tous les médias ont battu le rappel pour la commémoration du 30e anniversaire du "massacre de Tienanmen", en mettant la fameuse photo de l'homme face aux chars en exergue, "incarnation du courage face à la violence de la répression du régime communiste chinois". La chaîne Arte y a consacré toute sa soirée du 4 juin.

L'histoire est simple et belle comme une image d'Épinal : en juin 1989, la 'dictature communiste' a massacré des milliers d'étudiants pacifiques*, manifestant (pacifiquement donc) pour la liberté, la démocratie et les droits de l'homme.

Le regretté Domenico Losurdo avait souligné en 2009, l'étrangeté du pacifisme des manifestant pro-droits de l'homme - soldats lapidés ou brûlés vifs, entre autres - et de la brutalité du 'régime', lequel donnait comme directives expresses aux forces armées "de garder leur contrôle et se défendre sans utiliser les armes", même "s'il devait arriver que les troupes subissent des coups et blessures jusqu’à la mort, ou si elles devaient subir l’attaque d’éléments hors-la-loi avec des barres de fer, des pierres ou des cocktails Molotov" (texte complet à lire sur Investigaction)

Les émeutes de la place Tienanmen préfiguraient celles qui allaient entraîner la chute des pays socialistes quelques mois plus tard. Étaient-elles à ce point spontanées ? Ce qui est à peu près certain, c'est que si elles avaient réussi comme leurs homologues européennes, elles auraient amené les même résultats - mais à l'échelle de la Chine ; sans même parler des conséquences sociales dramatiques - cela ne concerne jamais que le bas-peuple -, et puisque nos médias brandissent tous ce chiffres de 'milliers de morts' :  dans les 15 ans qui ont suivi la chute du communisme, la population de l'ex-URSS a perdu officiellement 4 millions d'habitants.

*"Des milliers de morts" : les chiffres officiels parlent de 300 morts, manifestants et forces de l'ordre mêlés. Il est très possible bien sûr que les chiffres des autorités chinoises soient minimisés. Est-ce qu'il est complètement impensable que les chiffres avancés par certaines Organisations 'non' Gouvernementales soient, eux, maximisés?

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