La libération sous caution de Julian Assange refusée

Marie-France Deprez, le .

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Ce mercredi 25 mars a eu lieu la première audience depuis la fin de la première semaine du procès de Julian Assange, le 27 février.

Entre les deux dates, la situation a radicalement changé!

Si la pandémie de coronavirus représente une menace pour toutes les populations, la population carcérale est particulièrement fragilisée.

C'est la raison pour laquelle les avocats de la défense ont décidé de faire une demande de libération conditionnelle pour Julian Assange.

L'audience s'est déroulée dans une ambiance particulière, puisque 15 personnes seulement étaient présentes dans la salle y compris la juge, un greffier, un avocat de la défense: Edward Fitzgerald, des journalistes et quelques partisans, chacun respectant les normes de distanciation physique. Edward Fitzgerald portait un masque, le second avocat de la défense participait par liaison audio et les avocats de l'accusation par téléphone. Assange lui-même y assistait par vidéoconférence. Une séquence de 15' qui n'avait pas été prolongée malgré l'importance de la discussion car selon la juge, la demande de libération conditionnelle est venue de façon imprévue.

Mais cette ambiance particulière ne semblait pas être ressentie par Vanessa Baraitser qui n'a cessé de répéter que la situation actuelle ne joue aucun rôle par rapport à Julian Assange.

L'audience a commencé avec l'audition de l'accusation, représentée par Clair Dobbin, totalement opposée à la libération sous caution, prétextant que Julain Assange a déjà fui une fois, qu'il n'y a pas de risques liés au COVID-19 dans les prisons anglaises et qu'Assange ne fait pas partie des groupes à risque.

Mais nous connaissons ces arguments, qui sont ceux aussi de la juge, celui qu'on ne peut lui faire confiance, qu'il est prêt à tout pour éviter le procès en vue de son extradition...

La défense a mis en avant les arguments concernant la santé d'Assange, fragilisée par les longues années de vie recluse et une maladie respiratoire chronique. Edward Fitzgerald a cité les appels de médecins internationaux et du rapporteur spécial de l'ONU: Niels Melzer.

De plus, il a signalé que lors d'une demande de visite récente à Belmarsh, il lui avait été signifié que 100 membres du personnel étaient actuelllement confinés chez eux en raison de l'épidémie.

La juge Baraitser a rejeté tous ces arguments et a dit choisir de suivre les directives des prisons britanniques à propos de la protection des détenus contre le coronavirus: "Je n'ai aucune raison de ne pas faire confiance à ces conseils à la fois fondés sur des preuves et fiables et appropriés."

Cela s'est passé le jour même où la haut-commissaire aux droits humains de l'ONU, Michelle Bachelet, a appelé à la libération de détenus, les plus âgés, présentant le moins de risques etc., partout dans le monde afin d'éviter ces foyers de propagation que sont les prisons surpeuplées.

Dans sa condamnation ferme de la décision de la juge Baraitser, Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de Wikileaks, a souligné qu'alors qu'en Iran par exemple, des milliers de prisonniers ont été libérés, le gouvernement de Boris Johnson n'a rien fait. Il a déclaré: Tous les prisonniers qui arrivent en fin de peine, qui souffrent de maladies ou sont âgés doivent être libérés maintenant. Et bien sûr, Julian Assange, un prisonnier de longue durée, un innocent, un journaliste, un éditeur, devrait être libéré sous condition.

Un espoir réside cependant dans la possibilité de faire appel de cette décision devant la High Court où le juge serait différent!

 

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