Soutenir des avocats turcs qui réclament justice
En toile de fond, le rond-point Schuman vide ou plutôt parcouru seulement par quelques voitures de police et gardé par quelques agents en uniforme ; en toile de fond, un sommet européen. En avant plan, juste au contact des chevaux de frise, une soixantaine de personnes rassemblées pour réclamer un procès équitable pour deux avocats turcs en grève de la faim.
Ce 18 juillet, Ebru Timtik en était à son 198e jour et Aytac Ûnsal à son 161e jour de jeûne.
Comme avant eux, pour Nuriye et Semih ,des enseignants, pour Helin Bölek et Ibrahim Gökçek du grup Yorum et pour beaucoup d'autres, la grève de la faim est devenue la résistance ultime car aucun autre moyen de lutte ne leur reste entre les mains. Des jeûnes de la mort qui continuent en Turquie.
Aujourd'hui, c'est à cet avocat et à cette avocate du peuple que les manifestants prêtaient leurs voix, n'acceptant pas de les voir mourir dans le silence.
Ebru Timtik et Aytac Ûnsal sont tous les deux membres du "Bureau des Avocats du Peuple" (HHB). Ils sont en prison depuis septembre 2017 comme 10 autres avocats du même bureau. Des avocats qui défendent les travailleurs victimes d'accidents de travail, licenciés parce que voulant appartenir à un syndicat ou simplement défendre leurs droits; des étudiants emprisonnés pour avoir demandé l'éducation gratuite, des victimes de violence dans les commissariats et les prisons, des femmes victimes de sexisme, des progressistes, des révolutionnaires; des avocats du peuple qui se retrouvent emprisonnés pour de longues peines, la défense du peuple, la défense des plus faibles n'est pas de mise en Turquie. Ces avocats réclament un procès équitable et pour être entendus, ils sont obligés de recourir à ce dramatique procédé.
Pour rappel, en un mois, trois personnes menant une telle grève sont mortes en Turquie dans l'attente et l'espoir simplement d'obtenir justice mais le régime d'Ankara ne veut surtout pas rendre justice. Comme tout régime fasciste, il veut d'une justice aux ordres, qui le serve et le soutienne.
En manifestant devant le siège de l'UE au Berlaymont, les manifestants voulaient dénoncer la complicité de l'Union européenne qui se sert de la Turquie pour continuer sa politique migratoire meurtrière et poursuivre ses politiques interventionnistes ne cessant d'engendrer et de nourrir des guerres.
Petite réflexion :
La revendication d'un procès équitable devient semble-t-il une revendication générale. Il n'y a pas que sous la dictature d'Erdogan qu'il faille la voir comme un droit sans cesse piétiné. Au pays de la Magna Carta, Julian Assange doit lui aussi faire face à une justice biaisée, à un procès vicié par de nombreuses irrégularités et qui continue de se dérouler comme si de rien n'était, un lourd char d'assaut qui avance écrasant sous ses chenilles la justice et les droits de la défense.