Le tam-tam, un instrument de progrès

Bernard Lefevre, le .

Humain augmenté, humain diminué, humain solidaire

Certains (récents) puissants de ce monde rêvent d’allongement de la vie, de réparation des organes défectueux, d’augmentation des capacités physiques et mentales de l’Homme.  Ces fanatiques du progrès scientifique sans limite - Science sans conscience n’est que ruine de l’âme (Rabelais), ils ne connaissent pas – le désirent pour eux naturellement, ainsi que pour celles et ceux qui auront les moyens de leur acheter leurs produits-miracles.  Les autres – la grande majorité de la population – ne pourront y goûter que si cela augmente leurs capacités de production et de consommation, dans l’intérêt du grand capital.  Cette perspective de dualisation exacerbée de notre monde, annoncée rappelons-le par Kafka, Orwell et Huxley entre autres, devrait – enfin ! – convaincre les « damnés de la terre » de s’unir afin de contrecarrer un transhumanisme synonyme de déshumanisation.

Fais gaffe aux GAFA

Google, Amazon, Facebook, Apple (GAFA), des noms qui font envie et effraient à la fois. Ils nous ont tellement imposé leurs produits que le monde sans eux nous paraît improbable. Nous sommes conditionnés, formatés, dépendants. Pas un jour où nous ne sommes pas confrontés à leurs produits et/ou à leurs services. Ce sont les nouveaux maîtres du monde.

Et à ce titre, ils souhaitent continuer à façonner le monde à leur image : digitalisation, robotisation, hyper connectivité … Ils fantasment une humanité qui n’en serait plus vraiment une : l’Homme pourrait être amélioré, ses capacités augmentées, sa vie prolongée grâce aux progrès techniques qu’ils financent à coup de milliards. Dans leur dessein, l’Homme ne sera plus sujet, mais objet. Effrayant, non ?

La Terre n’est plus leur horizon. Ils veulent conquérir l’espace. Le contrat naturel, prôné par Rousseau et plus près de nous par Michel Serres, c’est de la foutaise à leurs yeux. Les évolutions techniques remplaceront les lois de la nature. Ces arrogants ont tant de milliards et si peu de culture qu’ils méconnaissent les leçons de l’Histoire. Et si d’aucuns les leur rappellent, ils les tournent en dérision (Les vrais scientifiques, les vrais historiens sont ceux qu’ils paient, qui leur mangent dans la main ; les autres ne sont que des pondeurs de « Fake news » !)

Ces apprentis-sorciers qui nous promettent le paradis, mais font vivre l’enfer au quotidien aux gens qu’ils emploient - Quelles sont les conditions de travail des travailleurs et sous-traitants des GAFA ? Certains reportages, fort rares, sont édifiants à cet égard) -, veulent étendre leur pouvoir à l’infini. Tout dépendra d’eux, bientôt. Ce sont les nouveaux démiurges !

Mal-être au travail, malaise dans la société

Quelque 25 % des Belges prennent des antidépresseurs. Dans les entreprises, le nombre de dépressions et de burnouts ne fait que croître et enlaidir. De plus en plus de travailleurs et d’allocataires sociaux (sur)vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté et ne peuvent par conséquent accéder à une vie digne. Les inégalités s’approfondissent, le risque de déclassement social menace de plus en plus la strate inférieure de la classe moyenne, alors qu’à l’opposé plus de 250 milliards d’euros dorment sur des comptes-épargnes à rendement négatif.

Et plutôt que de rechercher à restaurer un équilibre au sein de la population, nos gouvernants s’évertuent à taper encore plus forts sur les faibles, à les « responsabiliser », à les « activer », alors que les fraudeurs fortunés jouissent d’une impunité écœurante.

Résister, tous ensemble !

Face au délitement de notre système social et aux attaques antidémocratiques (droit de grève, visites domiciliaires, appels à la délation …), ce ne sont pas seulement les organisations qui doivent se mobiliser et agir de conserve, mais l’ensemble de la société civile. Plus personne ne peut dire aujourd’hui qu’il n’est pas et ne sera jamais concerné par les fantasmes de toute-puissance de quelques-uns et les dénis démographiques des gouvernements qui les servent.

Fort heureusement, des initiatives se font jour, des alliances se forgent et sont vouées à essaimer. Ainsi, nous ne pouvons que nous féliciter du regroupement de 72 associations, dont les mutuelles et les syndicats, sous le label TAM TAM. La santé est le premier thème de cette plateforme citoyenne : « 20 % de notre espérance de vie est liée aux soins de santé1. » Ensuite viendront la justice et l’emploi.

En tant que militant syndical, je ne puis qu’appeler à soutenir TAM TAM et me réjouir qu’enfin nos organisations syndicales s’ouvrent à la société, plutôt que de demeurer engoncées dans des considérations corporatistes héritées d’un passé industriel révolu.

Que TAM TAM fasse résonner longtemps et avec fracas nos valeurs humanistes et démocratiques, tant bafouées de nos jours !

https://www.campagnetamtam.be/

Bernard Lefevre est délégué FGTB-SETCa

1. Le Soir, 05 02 2018

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