Ils ne veulent pas travailler?

Le dimanche 23 juin, l’émission « Rendez-vous »de la chaine RTL nous a permis d’assister à la consternante prestation de Mme Galand qui s’est prononcée sur l’opposition entre les chômeurs profiteurs et tous ceux qui veulent travailler. Un thème largement exploité par la droite durant la campagne électorale.

Mme Galand considère que les chômeurs sont « Des gens qui ne veulent pas travailler parce qu’ils ont des revenus trop importants au chômage ».

Nous rappelons que depuis le 1er mai 2024, un chômeur avec charge de famille perçoit au maximum une indemnitémensuellede 2187 euros brut. Avec deux enfants, il touchera 332 euros d’allocation familiale en plus, soit 2519 euros.

Or, pour une famille de deux adultes et deux enfants, le seuil de pauvreté est fixé à 2715 euros par mois.Avec ce qu’elle qualifie de « revenus trop importants », nous invitons Mme Galand à faire face au coût de la vie, dont les loyers qui atteignent en moyenne 750 euros en Wallonie. Nouspensons qu’en cumulant des revenus de députée fédérale et régionale avec celui de bourgmestre, elle bénéficie d’un statut social plus que confortable qui ne lui permet certainement pas de juger ou de donner des leçons aux chômeurs ou autres allocataires taxés d’assistés revenus mensuels bruts d’un député : régional 8.914 euros, fédéral :8.472 euros auxquels s’ajoutent 2.490 euros net pour frais de représentation. En fonction du nombre d’habitants un bourgmestre wallon perçoit mensuellement 1.374 à 5.157 euros net.).

Pour inciter les chômeurs à travailler, Mme Galand défend la potion miracle du MR qui consiste à instaurer une différence de 500 euros entre les revenus des gens qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.

En soutenant que les chômeurs ont des revenus trop élevés, Mme Galand sous- entend que cette différence n’est pas à rechercher dans une augmentation des salaires mais dans une réduction des allocations de chômage dans le temps. Il pourrait difficilement en être autrement pour une mandataire d’un MR qui relaye constamment les plaintes du patronat sur les salaires trop élevés. Un parti qui maintien le blocage des salaires depuis 1996 et qui remet en cause la liaison automatique des salaires au cout de la vie ! Toute diminution des allocations de chômage entrainera une augmentation du nombre de bénéficiaires des CPAS avec des conséquences catastrophiques pour le financement de l’aide sociale assuré en partie par les communes.

Mme Galand dénonce que dans son arrondissement de Mons-Borinage, une personne en âge de travailler sur deux ne travaille pas. Elle oublie que, mis à part sa commune de Jurbise et celles de Lens et Quévy, le taux de pauvreté moyen de l’arrondissement de Mons Borinage est de 20%, et atteint près de 60% dans quatre autres communes de l’entité. Apparemment, Mme Galand ne comprend pas que la pauvreté contribue à entretenir un faible taux d’instruction incompatible avec le marché de l’emploi de notre époque, lequel exige de plus en plus de qualifications. À une époque où l’informatique est omniprésente dans les entreprises, en Wallonie, 49% des citoyens ont des compétences trop faibles en la matière ou n’en sont même pas utilisateurs.

Pour Mme Galand, les mythes des années 70 du chômeur qui va « pointer en Cadillac » ou du malade imaginaire italien qui chante « que la vie est belle à la mutuelle » ont la dent dure.

Certes, si nous reconnaissons que ceux qui abusent de la solidarité doivent être sanctionnés, nous comprenons que des chômeurs réfléchissent à deux fois avant d’accepter un emploi. Avec deux jeunes enfants à charge, un père de famille ou une mère célibataire qui acceptent un emploi, devront débourser une moyenne de 460 euros par enfants pour la crèche en plus des frais de transport. Il est un fait que face à des salaires peu attractifs, certains réfléchissent au moyen de s’en sortir en cumulant leur indemnité de chômage avec un travail au noir. Même si ces choix sont discutables ils sont certainement préférables aux trafics en tout genre et autres activités illicites qui plongent leurs racines dans la précarité.

En conclusion, l’attractivité du travail passe par le rétablissement du rôle des organisations syndicales dans la libre négociation du niveau des salaires et non par la répression des chômeurs.

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La mobilisation du personnel des soins de santé s'intensifie

Comprendre la mobilisation du personnel des soins de santé et particulièrement des infirmières spécialisées avec titres et qualifications professionnels particuliers

 

Alors que les organisations syndicales ont signé un accord conséquent dégageant 1,3 milliards d’euros pour revaloriser les salaires des travailleurs des soins de santé, augmenter le nombre de personnel au chevet du patient, permettre de prendre des périodes de congés de 3 semaines consécutives avec 3 week-ends, lutter contre le burn-out, avec en plus une augmentation du financement de la formation 600 1 pour soutenir les travailleurs voulant effectuer une reconversion professionnelle vers les métiers de soins ( infirmière, aides-soignantes) …… malgré tout cela, la colère du personnel et sa mobilisation n’a jamais été aussi importante.

 

Mais pourquoi…. !!!!!

 

Trop de souffrance depuis trop d’années due à des coupes budgétaires à la machette dégradant les conditions de travail, la souffrance des travailleurs plus âgés transmise au personnel plus jeune ou encore en formation. L’environnement de travail des soignants est tellement violent (management inapproprié où les valeurs de l’argent et de l’humain s’affrontent, manque de respect des travailleurs qui sont ici majoritairement des travailleuses, impossibilité de combiner sa vie professionnelle avec sa vie de famille ou avec une vie sociale, des cadences qui s’accélèrent depuis des années au nom du profit ou en tout cas de l’équilibre budgétaire que finalement les employeurs n’arrivent plus à atteindre, une pénurie sans précédent d’infirmières non pas parce qu’il n’y en a pas, mais parce qu’elles quittent la profession et que personne n’a rien fait alors que cette pénurie était annoncée depuis 20 ans….).

 

A cela, est venue s’ajouter la crise COVID et son lot de surcharge de travail , ses prises de risques pour le personnel, l’impossibilité pour certain d’avoir pu se reposer et se déconnecter depuis 1 an et demi, et l’implémentation d’un nouveau modèle salarial (IFIC) annoncé en fanfare par les deux derniers gouvernements et promettant que les travailleurs des soins de santé et les infirmières allaient enfin être augmentées.

 

Mais alors, pourquoi le personnel infirmier des unités spécialisées a-t-il massivement débrayé le 14 juin ? On les a vu mobilisés et/ou en grève, soutenus par leurs collègues des autres services.

 

Le problème est ce nouveau modèle salariale IFIC. Il ne se base plus pour rémunérer les travailleurs sur le diplôme, ce qui explique que tous les travailleurs qui suivent des spécialisations ne se sentent pas revaloriser. Certains choisiront de ne pas entrer dans l'IFIC parce que cela ne représenterait pas, pour eux,une amélioration du salaire2.

 

Alors qu’on a tellement eu besoin d’eux et de leur compétence -en réanimation par ex .- durant cette crise COVID, on leur annonce qu'ils seront rémunérés comme leurs collègues qui travaillent dans le même service et qui n’ont pas fait le choix de suivre une formation pour se spécialiser. Et là, c’est la désillusion. Pour obtenir un agrément un service de réanimation doit compter un nombre très précis d’infirmières spécialisées, mais quand est venu le moment de reconnaître leur compétence et leur nécessité, cela ne compte plus.

 

1- Formation 600 est une formation financée par le fond Maribel pour inciter des travailleurs à s’engager dans une formation en soins infirmiers. Le principe est que durant sa formation le travailleur continue à percevoir son salaire et son remplacement est financé par le fond Maribel. C’est un très beau principe qui rencontre beaucoup de candidats avec un taux de réussite de plus de 80 %.

 

2- Lorsqu’il a déjà un contrat avec un hôpital , au moment de l’implémentation d’IFIC à 100% du financement, le travailleur recevra une simulation de l’ensemble de sa carrière financière qu’il pourra comparer à sa carrière financière actuelle. S'il estime que l'IFIC est pour lui moins avantageux que son échelle barémique actuelle , il peut faire ce choix ( 1 fois ) de garder son barème actuel avec en plus sa prime pour titre et qualification particulier.

Pourtant toutes les études prouvent que plus les travailleurs sont formés et spécialisés, plus la qualité des soins est bonne et moins le patient aura de complications et verra même son risque de décéder diminuer. Ce n’est quand même pas rien et c'est à prendre en considération pour ces travailleurs qui se sont engagés dans des études coûteuses et difficiles pour l’intérêt collectif.

 

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La santé, un enjeu social (et donc politique) majeur !

Le mouvement des « mardis des blouses blanches » (actions de sensibilisation tous les mardis menées par le personnel soignant), entamé depuis juin 2019 et qui a culminé dans une grève nationale en front commun le 24 octobre, peut se féliciter d’une belle victoire : le vote par le Parlement ce 21 novembre d’un fonds de 400 millions € sur base annuelle destiné à l’amélioration des conditions de travail du personnel infirmier.

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La santé, avant-garde du combat de l’après

Le secteur de la santé est en ébullition. La pandémie du COVID est un déclencheur, parce qu’elle rend encore plus insupportables des problèmes qui minent depuis longtemps notre système public de santé.

La lutte des travailleurs de la santé est à l’avant-garde du combat fondamental qui se joue actuellement : quand sera enfin passé le gros de la crise en cours, il ne peut être question de revenir au système malade d’avant.

Une contestation sans relâche

Manifestation du réseau « Santé en Lutte » le 29 mai, grève des médecins en formation de spécialisation le 20 mai, grèves du 14 et du 17 juin dans les hôpitaux (réseau public puis réseau privé).

Les « mardis des blouses blanches » ne sont pas si loin (2019) et la colère revient quand elles constatent que le fonds obtenu de haute lutte n’est pas suffisamment utilisé pour ce à quoi il était destiné prioritairement : recruter du personnel supplémentaire.

Ce qui est dénoncé, c’est la pénibilité toujours plus importante du travail, le manque de personnel, la pénurie de nouvelles infirmières, le manque d’attractivité de la profession, le sous-financement chronique de la santé, les trop nombreuses aides-soignantes au chômage, alors qu’il faudrait les engager d’urgence dans les hôpitaux pour soulager le personnel surchargé, ...

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Rés(v)olutions syndicales pour 2020 et après

La fin de l’année 2019 ne rime pas vraiment avec bonnes nouvelles, si on pense à la défaite historique du parti travailliste en Grande-Bretagne (parti fondé par les syndicats et supposé être leur relais politique), et aux sirènes nationalistes, dans ce pays comme dans tant d’autres. L’échec de la COP25, qui aurait dû donner enfin à l’ensemble des pays du monde une coordination et un leadership clairs pour désamorcer la bombe environnementale, est un autre signal sombre.

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Les Forges de Clabecq : 23 ans plus tard, une autre lutte est en cours

DR78 Silvio de Clabecq

Clabecq, dans la mémoire collective, ce sont des années de lutte syndicale. Nous avons choisi de les évoquer dans ce numéro du DR à l'occasion de la sortie du livre de Silvio Marra et Françoise Thirionet: "Moi , Silvio de Clabecq, militant ouvrier" et de l'ouverture d'un procès, 25 ans après la fermeture, à propos de rémunérations qui n'ont pas été payées.

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