CHILI 1973, L’ESPOIR ASSASSINÉ

« Par la raison ou par la force » est la devise du Chili.

Par la raison, le 4 septembre 1970, le candidat de l'Unité populaire, Salvador Allende, arrive en tête de l'élection présidentielle. Le 3 novembre suivant, Allende prend ses fonctions de président de la République du Chili après le vote du Congrès national qui officialise son accession à la présidence du pays.

Par la force, le 11 septembre 1973,le général Augusto Pinochet, renverse le gouvernement et instaure une dictature militaire avec le soutien les États-Unis.

image001

Salvadore Allende, l’ascension d’un homme de bien

De son vrai nom, Salvadore Guillermo Allende Gossens, dit « Chicho » est né à Santiago le 26 juin 1908, dans une famille aisée d’origine hispano basque arrivée au Chili au XVIIe siècle. Son père Salvadore Allende Castro est franc- maçon et exerce ses qualifications d’avocat et de notaire dans la fonction publique, sa mère Laura Goossens est la fille d’un immigrant belge qui s’était installé à Conception. Bon élève, Allende termine ses études secondaires en 1924. Durant ces années, sa rencontre avec un vieux militant anarchiste lui fait prendre conscience de l’importance des luttes sociales. Il entame ensuite des études de médecine qu’il termine avec succès en 1933 en publiant une thèse consacrée à l’hygiène mentale et la délinquance dans laquelle il révèle ses sensibilités avec à la question sociale (« Higiene mental y delincuencia », publiée en 2005 par Editorial CESOC de Santiago du Chili). Sa vocation politique va s’affirmer dans sa participation aux luttes étudiantes contre le dictateur Carlos Ibáñez del Campo qui lui vaudront plusieurs incarcérations. Ces déboires ne nuiront pas à sa carrière médica­le qui l’amènera à devenir membre du directoire de l’Association Médicale du Chili et rédacteur en chef de son organe officiel. Parallèlement à sa carrière médicale, en 1933, il participe à la Fondation du Parti Socialiste dont il soutient l’adhésion au Front populaire, une large coalition qui rassemble la gauche chilienne de 1937 à 1941, et dont il devient rapidement président à Valparaiso avant d’être élu député socialiste. En 1939, il abandonne son siège de député pour rentrer au gouvernement en tant que ministre de la santé. Il va permettre de sérieuses avancées dans l’accès des plus démunis aux soins de santé. Fervent défenseur de la médecine sociale il démontre que la santé d’une population est directement liée à son niveau socio-économique. En 1940, il se marie avec Hortensia Bussi qui lui donnera trois filles. Lorsque le parti socialiste quitte le Front populaire, Allende se retire du ministère de la santé pour assumer la vice-présidence de la « Caja de Seguro Obrero Obli­ga­torio » (Caissed’assurance obligatoire des travailleurs), une institution à l’origine du premier système public de soins de santé et de protection sociale chilien. En 1943, il accède au poste de secrétaire général du parti socialiste et est élu sénateur en 1945. En 1952, lors de sa première présentation aux élections présidentielles Allende ne recueille que 5,45% des suffrages. Il est victi­me d’une partie de l’électorat socialiste qui lui reproche ses sympathies communistes et préfère soutenir l’ancien dictateur Carlos Ibáñez del Campo qui sera élu président de la République. Cependant malgré ses ennemis politiques, tant au sein de son parti qu’à droite, sous les couleurs du Front d’action populaire (FRAP) son prestige au sein des masses va s’affirmer par un score de 28% aux scrutin présidentiel de 1958 et 38,6% en 1964 où il est vaincu par le démocrate-chrétien Eduardo Frei Montalva qui recueille 55,6%.

Imprimer E-mail

LA REINE EST MORTE, VIVE LA RÉPUBLIQUE !

La reine Elisabeth est née en 1926 à une époque ou le Royaume Uni était la première puissance mondiale et le plus grand empire colonial de l'histoire. L’empire britannique s'étendait sur 33,7 millions de km2 (environ 22 % des terres émergées) occupés par un quart de la population mondiale de l’époque. Derrière une sacro-sainte volonté civilisatrice, les gouvernements de l’empire ont toujours manifesté une volonté expansionniste qui faisait fi du sort des populations. Jusqu’en 1833, l’empire participa au commerce des esclaves qui sont transportés dans des conditions effroyables sur des bateaux spécialement aménagés.

Imprimer E-mail

Scissions syndicales, réformisme et impérialismes dominants

Annie Lacroix-Riz, Scissions syndicales, réformisme et impérialismes dominants, 1939-1949. Paris, Editions Delga, 2020, 314 pp. 20 €.

Le dernier ouvrage d’Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paris 7, est constitué de six contributions, parues entre 1989 et 2012, ici mises à jour[i]. Ces textes éclairent divers aspects complémentaires de l’histoire syndicale européenne pendant la période 1939-1945, et surtout pendant les années 1945-1948, durant lesquelles les communistes jouissent, partout en Europe, d’une authentique sympathie des populations, née de leur résistance à l’occupant et des victoires de l’Armée rouge. Ces années ont vu, sous l’égide des vainqueurs étatsuniens et britanniques de l’Allemagne nazie, une complète réorganisation du paysage syndical de l’Europe occidentale, dans un contexte de début de « Guerre froide » et de hantise du communisme et des supposées visées expansionnistes de l’U.R.S.S.

Imprimer E-mail

A PROPOS DE LA « DÉNAZIFICATION » DE L’UKRAINE

Il nous parait important d’approfondir notre connaissance de l’Ukraine et notamment de faire la différence entre l’Ukraine actuelle et sa partie occidentale la Galicie dont une partie de la population a effectivement posé problème pendant l’occupation nazie. Cependant cette page sombre de l’histoire ne peut en aucun cas rejaillir sur l’ensemble de la population ukrainienne qui comporte notamment une communauté de trois millions de russes.

Sur le plan historique Ukraine et Russie

En 882, la ville de Kiev devient la capitale de la « Rous de Kiev » (aussi dénommée Etat de Kiev ou Russie Kiévienne) qui est la plus ancienne entité politique russe commune à l'histoire des trois États actuels, la Biélorussie, la Russieet l’Ukraine. Cette entité disparait en 1240 du fait de l’invasion mongole.

RusKiev

Carte des débuts de la Rus’ de Kiev (SeikoEn, 2011) Lic. CC BY-SA 3.0

Du temps des tsars, l’Ukraine est appelée « petite Russie » au côté d’une « grande Russie » (la Russie) et de la « Russie blanche » (la Biélorussie). Il n’y avait pas de limite territoriale entre ces entités qui faisaient partie de l’empire de Russie jusqu’à sa disparition en 1917 lors de la révolution d’octobre. Tout comme les populations russe et biélorusse, la population ukrainienne est de confession orthodoxe sous l’autorité du patriarche de Moscou.

Imprimer E-mail

8 MAI, VICTOIRE SUR LE FASCISME

La bourgeoisie ayant compris que c'est par les campagnes médiatiques qu'on façonne les opinions publiques, qu'on forme (ou « déforme ») la conscience politique des gens, elle s’applique, une fois encore, à falsifier l'histoire en nous faisant croire que c'est aux Américains, grâce au débarquement en Normandie en juin 1944, que nous devons la défaite des forces hitlériennes et de leur sinistre projet. Rien de plus mensonger. Le débarquement s'est produit après les victoires de l'Armée rouge à Moscou, Stalingrad, Koursk, Leningrad et alors qu’elle lançait son offensive pour libérer l’Europe centrale et orientale et l'Allemagne.

Imprimer E-mail

Il y a 60 ans, la grève du siècle

Dans les années qui suivent la deuxième guerre mondiale, la Belgique reprend le chemin de la prospérité. Cependant, avant d’entamer les glorieuses « golden sixties », à la fin des années 1950 l’économie faiblit. En 1957 les métallurgistes wallons se mettent en grève pour manifester leur inquiétude face au déclin industriel. En 1959, le gouvernement impose une politique d’austérité qui suscite déjà une opposition importante et il reste sourd aux grèves déclenchées par l’annonce de la fermeture des charbonnages en Wallonie qui sont de grands pourvoyeurs d’emplois. 

En outre, en juin 1960, l’indépendance du Congo provoque une perte non négligeable de profits pour le monde de la finance que le gouvernement se sent obligé de protéger en demandant des sacrifices supplémentaires à la population tout en épargnant les grandes fortunes. En 1960, ce gouvernement de droite décide d’imposer aux travailleurs une série de mesures antisociales concrétisées par 10 milliards de francs d’impôts supplémentaires auquel s’ajoutent 10 milliards d’économies sur le plan social qui s’inscrivent dans un ensemble de mesures qualifiées de « loi unique ». Profitant de l’occasion, la fédération patronale de l’époque renchérit en demandant au gouvernement : « Dans la période critique où des dommages économiques importants sont subis à la suite des événements du Congo et où la formation du marché commun européen est accélérée, un effort spécial doit être engagé. » De son côté, le gouvernement soutient le patronat qui oppose une fin de non-recevoir aux revendications de la FGTB, laquelle dès janvier 60 réclamait un salaire horaire minimum de 25 francs/heure, un salaire hebdomadaire garanti en cas de maladie, un double pécule de vacances, la lutte contre le chômage, une baisse des prix de 10%.

Imprimer E-mail