Neruda, Allende et un bateau chargé d’espagnols
Il y a un siècle naissait le poète
Après la fin de la très meurtrière guerre civile d’Espagne, des dizaines de milliers de républicains fuyant la terreur franquiste chercheront, au début des années 40, refuge en France. Le gouvernement français d’alors, à dominante social-démocrate, ne trouva pas mieux que de les placer dans des véritables camps de concentration. Emu par leur sort, un jeune Consul chilien organise leur départ en bateau pour le Chili avec l’aide du Ministre de la santé de l’époque permettant, de cette manière, à des centaines d’espagnols de connaître des conditions de vie plus dignes. Le Consul s’appelait Pablo Neruda et le Ministre Salvador Allende. Ainsi naquit une vieille amitié qui ne prit fin qu’à l’arrivée de Pinochet.
A l’occasion du centième anniversaire de la naissance du poète communiste, ce poème écrit pendant ses moments de clandestinité lors de la dictature de Gonzales Videla, nous sert aussi d’hommage à son exemple et à sa mémoire.
A MON PARTI
Tu m’as appris la fraternité
envers celui que je ne connais pas
et m’as donné la force de tous
ceux qui vivent.
Tu m’as redonné la patrie
comme lors d’une naissance
et m’as donné la liberté
que le solitaire ignore.
Tu m’as appris à allumer la bonté
comme on allume le feu
et, avec toi,
j’ai compris l’unité et la différence des hommes.
Tu m’as montré comment la douleur
d’un seul meurt dans la victoire de tous
et j’ai appris avec toi à dormir dans les humbles
lits de mes frères.
Tu m’as fait entrevoir la clarté du monde
et la possibilité de l’allégresse.
..et m’as rendu indestructible parce que,
avec toi,
je ne finis pas en moi-même.
Pablo Neruda
(traduction libre de V.Caller)