De Crem contre Vredesactie: Le gouvernement va-t-il réprimer toute opposition à son soutien aux guerres de l'Otan?

Le 6 février dernier, se tenait la première séance du procès au tribunal correctionnel, dans lequel le ministre de la défense De Crem portait plainte contre Vredesactie pour une action au ministère de la défense datant de 2008.

Le communiqué de Vredesactie ci-dessous nous informe :
"Le 14 novembre 2008, des activistes pour la paix ont symboliquement fermé le ministère de la défense. "Le ministre de la défense De Crem entraîne notre pays toujours plus loin dans une guerre sans perspective en Afghanistan", dénonçait le communiqué de presse de ce jour. L'action s'est déroulée de façon strictement non violente et rien n'a été endommagé (la peinture utilisée était lavable). Cinq ans plus tard, le 10 décembre 2013, la salle de conseil à Bruxelles a décidé de poursuivre Vredesactie en correctionnelle, pour endommagements aux biens immeubles d'autrui. Ceci est une honte pour le droit à la liberté d'expression.

Il semble que le ministre De Crem se sert de la stratégie du "SLAPP" (strategic lawsuit against public participation): lancer des procédures juridiques pour réduire au silence les critiques. Le ministère de la défense vise Vredesactie et les activistes pour la paix avec des plaintes pour des futilités, dans la plupart des cas avec une argumentation très faible, mais qui sert à épuiser et dissuader..."
Ce n'est pas un simple retard de la part de la Justice, si cette action du ministre de la défense intervient maintenant pour une action qui a eu lieu en 2008. Nous sommes à la veille d'un important sommet de l'OTAN (septembre 2014) qui devrait présenter sa "stratégie de sortie de l'Afghanistan" pour la fin 2014.
Nous savons que la Belgique est engagée dans cette guerre dite humanitaire depuis 2001 et surtout depuis que l'Otan a pris le commandement des opérations militaires et du contrôle policier de l'Afghanistan. Malgré des déclarations de "retrait des forces combattantes fin 2014", l'Otan met sur pied "un partenariat" avec l'Afghanistan jusqu'en 2024 qui inclura une important participation de la Belgique: maintien des F-16 belges et des soldats pour leur maintenance, participation de l'armée belge à la formation et l'encadrement de l'armée afghane, participation de policiers belges à l'encadrement d'une police afghane, pour ne citer que quelques-uns de ces engagements. Donc, il n'y aura pas de sortie d'Afghanistan à la fin de 2014!
Les gouvernements belges qui se sont succédé depuis 2003 n' ont cessé de dire qu'ils ont contribué à la paix en Afghanistan. L'actuel ministre de la défense, Pieter De Crem se glorifie de tous les progrès accomplis vers la liberté pour le peuple afghan, tout en refusant un débat public sur la réalité de la situation dans ce pays et sur les crimes de guerre commis par l'Otan avec l'aide de la Belgique.
Les courageuses marches des réfugiés afghans en Belgique pour faire reconnaître leur droit d'asile vu l'état de guerre de leur pays ont déjà permis de faire apparaître quelques vérités à l'opinion publique belge. Et ce n'est pas avec des procès que le gouvernement pourra intimider le mouvement anti-guerre . Celui-ci prend d'autant plus d'ampleur que les gens ne supportent plus l'énormité  des dépenses militaires, en Belgique comme en Europe alors que la crise financière, économique et sociale du système capitaliste fait des ravages, dans la sécurité sociale, l'enseignement, la culture, dans nos conditions de vie.
La droite, qui dirige de plus en plus notre gouvernement veut criminaliser toute contestation, étouffer  la liberté d'expression, épuiser les militants progressistes dans des procédures judiciaires absurdes. Mais la riposte s'organise. Le 6 février, une centaine de militants, représentant de nombreuses associations pacifistes, politiques, sociales, syndicales ont manifesté devant le Palais de Justice et assisté à la séance du tribunal.

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