Ce 23 novembre, 17 syndicalistes se retrouvaient devant le tribunal correctionnel de Liège pour répondre d'entrave méchante à la circulation !
Les 17 camarades de la FGTB, dont Thierry Bodson, son président, ont été condamnés, certains à un mois de prison avec sursis, d'autres à 15 jours avec sursis.
Les faits qui leur sont reprochés remontent à octobre 2015. A cette période, de nombreuses actions étaient menées contre les politiques d'austérité du gouvernement Michel.
Près du pont de Cheratte, un barrage avait été organisé. Il entraînera d'importants bouchons, comme chaque jour à cette époque d'ailleurs, car des travaux étaient en cours à cet endroit.
Le tribunal a donc retenu l'entrave méchante à la circulation contre 17 syndicalistes qui auraient participé à ce blocage.
Cette affaire est à rapprocher de la poursuite de deux syndicalistes du port d'Anvers qui, un jour de grève en juin 2016, contre les mêmes politiques d'austérité du gouvernement Michel, avaient participé à un blocage dans le port. Ils avaient aussi été poursuivis pour entrave méchante à la circulation.
En juin 2018, Bruno Verlaeckt, président de la FGTB d’Anvers avait reçu une condamnation « pour le principe », non assortie d’une peine et Tom de Voght, délégué FGTB dans une entreprise du secteur chimique, avait finalement été acquitté. Le jugement a depuis été confirmé en cassation.
Dans les deux cas, la justice a eu recours à l'article 406, un article qui vise des conduites qui mettent autrui en danger, et à propos duquel, lors des discussions parlementaires précédant son adoption, il avait été précisé qu’il ne pourrait être utilisé « à l’encontre de grévistes et de piquets de grève pacifiques ». N'oublions pas que l'article 406 prévoit des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison !
Le jugement rendu par le tribunal correctionnel d’Anvers avait été jugé comme rendu dans un contexte d’offensive du patronat et du gouvernement contre les droits syndicaux. Dans l’affaire dite du « Pont de Cheratte », les condamnations ont été, comme on l'a vu, durcies.
Ces décisions de la justice sont une véritable remise en cause de l’exercice du droit de grève.
Pour mémoire, en 1997, le blocage de l'autoroute de Clabecq s'était terminé par un non-lieu, le tribunal de Nivelles jugeant que les actions menées relevaient du droit de grève.
Depuis, les actes contre le droit de grève se sont multipliés, service minimum aux chemins de fer, huissiers présents sur les piquets de grèves notamment.
Si l'on ajoute à cela le rôle des médias qui donnent la parole aux "usagers" importunés par les grèves sans rappeler leurs vraies causes et leur objectif à long terme, la criminalisation des syndicats et des luttes est devenue une tendance lourde.
La comparaison des jugements d'Anvers et de Liège montre une évolution de plus en plus dure envers les mouvements sociaux et les syndicats.
Thierry Bodson a déclaré qu'il était difficile de ne pas y voir un jugement politique.
Face à cette tendance, les syndicats doivent rapidement réagir.
La FGTB a posé des préavis de grève pour les 1er et 10 décembre afin que nous puissions montrer notre détermination par des actions ponctuelles.